Cameroun : plus de 626 millions de dollars pour renforcer l'économie dans le Nord et l'Est

Lhml

Les trois prochaines années seront importantes pour le renforcement de l'économie dans les trois régions septentrionales (Extrême-Nord, Nord et Adamaoua) et celle de l'Est du Cameroun, principal objectif du plan cadre pour l'aide au développement conclu entre le gouvernement et les Nations Unies pour un coût total de 626.328 millions de dollars.

Victimes d'une crise humanitaire et sécuritaire due, d'une part, à la crise en République centrafricaine (RCA) voisine et, d'autre part, à la menace terroriste causée par la secte islamiste Boko Haram, les régions de l'Extrême-Nord, du Nord, de l'Adamaoua et de l'Est sont celles sur les dix que compte le Cameroun où les indicateurs de développement se révèlent les moins performants.

A cause de ces crises, l'Est et l'Adamaoua réunis hébergent près 260.000 réfugiés centrafricains et l'Extrême-Nord, environ 90.000 réfugiés nigérians auxquels s'ajoutent quelque 200.000 déplacés internes, selon les estimations.

La présence de ces populations en détresse est une source de préoccupation pour les autorités camerounaises, engagées à relever le défi de restauration de la sécurité et de redressement économique dans cette partie du territoire national où l'accès aux services sociaux de base est réputé faible, comparé au reste du pays.

Pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, avec un taux de croissance de l'ordre de 4,7% en 2017 après s'être établie à 5,9% au cours des deux années précédentes selon les estimations du Fonds monétaire international (FMI), le Cameroun peine toujours à garantir à un maximum de ses citoyens l'accès à des emplois décents utiles à leur épanouissement.

Avec une économie essentiellement informelle (90,5%), le sous-emploi se situe à des niveaux élevés : 79%. Dans l'Extrême-Nord en particulier, la pauvreté touche trois personnes sur quatre (74,3%, contre 37,9% de moyenne nationale) et l'insécurité alimentaire, le tiers de la population (33,6%).

Le Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) dénombre 28 enfants pour 1.000 naissances qui meurent dans les premiers mois de la vie et 20 femmes qui meurent par jour en donnant la naissance.

A 4,3% de la population, la prévalence du VIH est qualifiée de concentrée et de généralisée dans le pays d'Afrique centrale. Sur les quelque 570.000 malades de SIDA, le taux de couverture en antirétroviraux (ARV) reste faible, variant entre 32% chez les adultes et 19% chez les enfants. La prise en charge est cependant appréciable chez les femmes enceintes, où elle est estimée à 84%.

En 2015, après quinze années d'exécution, seules deux des quinze cibles des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) adoptés par les Nations Unies lors d'un sommet mondial en 2000 à New York (Etats-Unis), avaient pu être réalisées, à savoir celles liées à la réduction de l'incidence du VIH et de la faim.

Mais, les crises humanitaire et sécuritaire de l'Extrême-Nord, du Nord, de l'Adamaoua et de l'Est influencent ces progrès. Dans les quatre régions, environ 2,9 millions de personnes sont citées comme ayant besoin d'une aide d'urgence.

Avec les Nations Unies, le gouvernement a conclu un nouveau plan cadre pour l'aide au développement d'une valeur de 626,328 millions de dollars, prioritairement consacré aux quatre régions, entre 2018 et 2020, une période qui coïncide avec la fin de l'exécution du Document de stratégie pour la croissance et l'emploi (DSCE) adopté en 2009 pour accélérer la croissance.

Dans ce programme, le redressement économique est au centre des préoccupations. Il s'articule autour de quatre grands piliers.

Le premier vise le développement des opportunités d'emplois décents et de l'inclusion sociale. Pour cela, l'attention sera accordée pour "cibler les entrepreneurs potentiels et actuels et les accompagner pour créer des entreprises. On va cibler les chaînes de valeurs", explique Barbara Sow, représentante-résidente de l'UNFPA au Cameroun.

En particulier, les interventions dans ce domaine veilleront à "s'assurer que les femmes, les jeunes, les plus vulnérables auront un paquet holistique nécessaire pour s'autonomiser" en vue de la réduction des inégalités et des violences à l'origine des crises en cours, précise la responsable onusienne.

En matière de santé et de nutrition, il est question de renforcement du système de santé "en touchant toutes les différentes populations", un objectif mettant en avant l'amélioration de l'accès aux services de santé de la reproduction pour les femmes, les nouveaux-nés, aux services de prévention et de prise en charge pour le VIH/SIDA, la tuberculose, le paludisme, etc., puis ceux liés à la prise en charge de la malnutrition.

Dans le domaine de la sécurité alimentaire, les efforts prévoient d'être fournis pour permettre de sauver les vies des populations en insécurité alimentaire, en leur fournissant une assistance alimentaire et vivrière, en appuyant aussi la production, la transformation, la conservation et la commercialisation des produits agricoles et de l'élevage.

L'aide prévue dans ce secteur visera en outre à améliorer les infrastructures d'élevage.

Le dernier pilier du programme a trait au renforcement de la résilience spécifiquement dans la région de l'Extrême-Nord. Cet objectif consistera à l'amélioration de l'accès aux services sociaux de base, des revenus des populations locales, de la cohésion sociale et de la culture de la paix, puis de la gestion de l'environnement et des ressources naturelles.

En 2013, le Cameroun et les Nations Unies avaient conclu un premier plan cadre pour l'aide au développement de cinq ans pour un montant de 294.881 millions de dollars, dont les interventions étaient focalisées sur le le soutien à une croissance forte, durable et inclusive, l'appui à la promotion de l'emploi décent, le soutien à la gouvernance et à la gestion stratégique de l'Etat.

L'exécution de ce programme s'achève au cours de cette année et ses résultats restent encore à être évalués.

Source...Xinhua

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