Burkina : le bras de fer entre les acteurs de l'éducation et le gouvernement paralyse le système éducatif

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Le bras de fer entre le gouvernement burkinabè et les acteurs de l'éducation, qui réclament depuis plusieurs mois de meilleures conditions de vie et de travail, a paralysé le système éducatif, avec pour corollaire des mouvements de protestation dans plusieurs villes et un arrêt de travail.

Depuis octobre 2017, la Coordination nationale des syndicats de l'éducation a mobilisé ses militants pour exiger du gouvernement des réponses à sa plateforme revendicative axée essentiellement sur quatre points.

Il s'agit de l'adoption d'un statut valorisant des personnels de l'éducation et de la recherche ; l'amélioration de l'accès à l'éducation; l'amélioration des conditions de travail pour une efficacité du système éducatif et la valorisation de la fonction enseignante.

Les enseignants qui ont réussi à convaincre plusieurs partis d'opposition, des organisations de la société civile et d'autres syndicats, de s'associer à leur lutte, n'entendent pas baisser la garde.

L'autre situation qui risque de pousser le gouvernement à bout - déjà fragilisé par la montée de fronde sociale dans plusieurs autres secteurs - est l'entrée des élèves dans la lutte en soutien à leurs enseignants.

La semaine dernière, plusieurs villes du pays ont enregistré des manifestations scolaires occasionnant la fermeture des classes et le blocage du trafic routier. Plusieurs manifestants ont été blessés lors d'échauffourées avec les forces de l'ordre.

A Boussé, à une cinquantaine de kilomètres de Ouagadougou, un élève a été blessé à la jambe par balle et transporté à Ouagadougou pour des soins.

Le gouvernement qui appelle au "strict respect" des lois en vigueur, rappelle que les actes d'incivisme, d'incitation à la violence, d'atteinte aux personnes et aux symboles de l'Etat ne sont pas tolérables dans un Etat de droit.

Le Premier ministre burkinabè Paul Kaba Thiéba a engagé des négociations avec le syndicat des enseignants et les a exhortés mercredi dernier au cours d'une conférence de presse, à "un sursaut patriotique pour sauver l'année scolaire.

"Ma responsabilité est de faire en sorte que la finance publique soit toujours en bonne santé. Le Burkina Faso n'est pas un pays riche", a dit M. Thiéba.

"Nous n'avons pas de café, ni de cacao. Nous avons un peu d'or. J'en appelle au sens du devoir. Il ne faut pas que nous en arrivions à perdre l'année scolaire", a-t-il ajouté invitant la coordination des syndicats à la retenue.

Il a, cependant, reconnu que "leurs revendications sont fondées", mais, a-t-il souligné "nous devons trouver la solution ensemble dans le dialogue tout en suivant les principes de la fonction publique".

Un analyste politique, Siaka Coulibaly, impute la responsabilité de la situation à l'Etat, qui a cherché à résoudre au cas par cas les différentes plateformes revendicatives des travailleurs.

Selon lui, la cascade des mouvements, c'est-à-dire un secteur après l'autre, est survenue parce que le gouvernement a accordé en 2016 des avantages colossaux aux magistrats et un peu plus tard aux syndicats des finances.

Selon une source proche de la Primature, le statut autonome des enseignants va générer une incidence financière de l'ordre de 50 milliards de francs CFA par an (90 millions de dollars).

Au sortir d'une séance de négociation avec les autorités la semaine dernière, le secrétaire général de la Coordination nationale des syndicats de l'éducation (CNSE), Wendyam Zongo, avait noté des "avancées".

"On a avancé sur les principes. Il y a eu des propositions, mais ce sont des bases. Il y a un document qui va nous permettre de mieux apprécier les propositions faites. Les syndicats n'aiment pas les propos verbaux, nous aimons ce qui est concret. Quand c'est écrit, nous pouvons mieux analyser et apprécier", avait-il dit.

Pour sa part, le Premier ministre s'était réjoui du "sens élevé de responsabilité" dont ont fait preuve les partenaires sociaux au cours des travaux et "des avancées que nous avons enregistrées".

Jeudi dernier, M. Zongo a déclaré que les négociations se poursuivaient toujours et que les résultats pourraient tomber en fin de semaine.

Pour l'heure, c'est l'inquiétude et l'incertitude qui animent les élèves, notamment en classe d'examen et les parents d'élèves qui voient déjà le spectre d'une année blanche planer sur le système éducatif burkinabè.

Dans une récente déclaration, l'Association nationale des parents d'élèves des écoles primaires catholiques (ANPE/EPC) a appelé les parties prenantes de la crise en cours à privilégier la voix du dialogue et de la négociation pour trouver une solution idoine.

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