Niger : la nouvelle rupture du dialogue entre le pouvoir et l'opposition crée désolation et désapprobation au sein de l'opinion publique

Issoufou 2

A peine repris il y'a moins d'un mois, le dialogue politique est de nouveau au point mort au Niger. L'opposition a décidé de se retirer depuis jeudi dernier des travaux du comité ad hoc mis en place par le Conseil national du dialogue politique (CNDP) du Niger, pour proposer des amendements au Code électoral, ont annoncé ses représentants vendredi à Niamey.

Lors d'une conférence de presse animée pour expliquer les raisons de leur retrait des travaux, les représentants des partis leaders de l'opposition, dont le Moden-Fa Lumana, MPN Kishin Kassa et le Rassemblement démocratique républicain Tchandji, ont évoqué les points qui bloquent les travaux dialogue.

Cette nouvelle rupture est considérée comme un coup de massue au sein d'une bonne partie de l'opinion publique nigérienne qui espérait une réelle chance à la relance du dialogue politique longtemps rompu entre le pouvoir et l'opposition, notamment au sein du CNDP.

Pour rappel, depuis 2016, les travaux du CNDP - un cadre national pour le règlement des litiges politiques, notamment les questions électorales - étaient boycottés par l'opposition protestant contre certaines modifications de la loi électorale sans un consensus politique. Les points de la discorde sont relatifs à la composition de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), à son fonctionnement et à certaines dispositions sur les conditions d'éligibilité.

Après une longue période de crise, l'opposition et le pouvoir ont décidé, en début du mois d'octobre dernier, de s'entendre sur une révision du code électoral.

Cependant, l'opposition a décidé de se retirer de nouveau des travaux après un "refus du gouvernement d'accepter les propositions faites par l'opposition" sur certains articles qui lui paraissent "fondamentaux", ont précisé les représentants de l'opposition.

La non validation de ces propositions "ne garantit plus un déroulement démocratique des prochains scrutins" au Niger, ont-ils noté.

Parmi les articles du code électoral qui constituent la pomme de discorde, figure notamment l'article 8, qui exclut toute personne condamnée à un an de prison des compétitions électorales, ce qui disqualifie d'office l'opposant Hama Amadou (du parti Moden-Fa Lumana), ancien président du parlement et principal adversaire politique du président nigérien Mahamadou Issoufou. M. Amadou a été condamné à un an de prison dans une affaire des "bébés importés" et est actuellement en exil en France.

Le vice-président du Moden-Fa Lumana, Soumana Sanda, intervenant samedi sur une radio étrangère, a demandé que les négociations politiques nationales nigériennes soient rouvertes, notamment sur ce point, ainsi que l'article 12 (relatif à la composition de la CENI) et l'article 81 (relatif à la composition des bureaux de vote).

"Notre souhait est que ces trois articles puissent connaitre des traitements qui permettent à l'ensemble des Nigériens de competir librement et de participer à l'organisation des élections futures", a-t-il fait savoir.

Or, certains partis de la majorité ont estimé que, si le pouvoir accepte de discuter des exigences de l'opposition, "l'heure n'est pas aux atermoiements", d'autant que le temps presse pour la préparation des prochains scrutins.

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