Niger : désaccord entre le pouvoir et l'opposition sur les préparatifs des scrutins à venir

Issoufou 1

L'opposition politique nigérienne a de nouveau boycotté jeudi à Niamey la réunion du Conseil national de dialogue politique (CNDP) convoquée par le Premier ministre Birgi Rafini pour discuter notamment du code électoral, aggravant davantage la discorde entre pouvoir et opposition sur la préparation des prochains scrutins au Niger.

Cette session du CNDP, qui devait regrouper tous les partis politiques, a tenu ses travaux toute la journée de jeudi, en l'absence de l'opposition, avec l'examen du rapport du comité ad hoc mis en place le 1er octobre dernier par ce même cadre de règlement des litiges politiques au Niger pour proposer des amendements au code électoral et au règlement intérieur du CNDP.

La réunion a, après quelques modifications apportées tard jeudi soir, adopté tous les articles du Code électoral sur lesquels il n'y avait pas eu de consensus lors des travaux du comité ad hoc, portant notamment sur l'éligibilité des candidats, la composition de la direction de l'informatique et des bureaux des votes et le règlement intérieur du CNDP.

Dans un communiqué publié la veille, les partis politiques de l'opposition nigérienne regroupés au sein du Front patriotique (FP) et du Front républicain pour la Défense de la Démocratie et de la République (FRDDR) ont décliné l'invitation du chef du gouvernement, également président du CNDP, et conditionnent la reprise du dialogue et la création d'un climat apaisé à l'"organisation d'un dialogue inclusif en présence des témoins nationaux et internationaux, la mise en place d'un dispositif de suivi des décisions du dialogue avec l'accompagnement des partenaires, l'adoption d'un code électoral consensuel et la réhabilitation du CNDP comme organe d'échange et de consensus".

Pour rappel, l'opposition s'est retirée des travaux du CNDP début novembre dernier, après y avoir siégé pendant quelques jours, dénonçant la "mauvaise foi" de la majorité.

Parmi les articles du code électoral qui constituent la pomme de la discorde figure notamment l'article 8, qui rend inéligible toute personne condamnée à un an de prison, ce qui disqualifie d'office l'opposant Hama Amadou. Celui-ci, ancien président du Parlement et principal adversaire politique du président nigérien Mahamadou Issoufou, avait été condamné par contumace à un an de prison pour une affaire des "bébés importés".

Pour l'opposition, la non validation de ces points "ne garantit donc désormais plus un déroulement démocratique des prochains scrutins" au Niger.

Or, certains partis de la majorité ont estimé qu'après l'ouverture faite par le pouvoir en acceptant de discuter des exigences de l'opposition, "l'heure n'est (pas) aux atermoiements" d'autant que le temps presse pour la préparation des prochains scrutins.

Réagissant jeudi à l'issue des travaux, M. Bazoum Mohamed, ministre d'Etat en charge de l'Intérieur et de la Sécurité publique, président du parti au pouvoir, le Parti nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (PNDS-TARAYYA), s'est réjoui que sur toutes les questions, les participants soient arrivés à un consensus qui fait une synthèse des positions dégagées par les différents partis pendant les discussions du comité ad hoc.

Le président nigérien Mahamadou Issoufou avait déclaré dans son message à l'occasion de la fête de la République, le 18 décembre dernier, attacher une grande importance à l'"organisation consensuelle, inclusive et transparente des prochaines élections qui permettront, pour la première fois dans notre histoire, à un président démocratiquement élu de passer pacifiquement le témoin à un autre".

Aussi, il a encouragé l'ensemble des acteurs politiques nigériens à poursuivre les échanges entamés, dans un esprit de dialogue constructif, dans le cadre du CNDP, et les a exhortés à se mobiliser pour participer au processus de confection du fichier électoral biométrique.

Dans ce même objectif, il a engagé la CENI à mettre tout le dispositif nécessaire en place pour que les différentes échéances soient tenues à temps et que ces consultations soient faites en toute transparence, de manière à assurer la bonne organisation des scrutins législatifs et présidentiels en 2020 et 2021, au terme de son 2e et dernier mandat du président.

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