Centrafrique : violences à Bangui, le gouvernement dénonce une tentative de sabotage des élections

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YAOUNDE -- Une vingtaine de personnes ont été tuées et environ 80 autres blessées après trois jours de violences depuis samedi à Bangui, révèle un bilan établi mardi matin à Xinhua le Premier ministre centrafricain Mahamat Kamoun, qui dénonce tentative de déstabilisation de la transition et de sabotage du processus électoral en cours.

"D'après les statistiques des sources officielles, le bilan de ces tristes événements fait état d'une vingtaine de morts, 80 blessés et des maisons incendiées", a déclaré dans un entretien téléphonique avec Xinhua le chef du gouvernement de transition visé par une manifestation populaire organisée lundi à Bangui pour réclamer sa démission et celle de la présidente Catherine Samba-Panza.

Il évoque en outre, sans fournir de chiffres, le cas de nombreux autres Centrafricains ayant dû "quitter leurs maisons pour aller se mettre dans des camps de fortune", notamment sur le site de l'aéroport international Bangui-M'Poko, qui abrite déjà des centaines de déplacés depuis la chute du régime de François Bozizé en mars 2013, point de départ de la crise qui secoue la Centrafrique aujourd'hui.

Selon les Nations Unies, ce bilan est bien plus lourd: 36 morts et quelque 27.000 déplacés.

A l'origine de ce regain de violences, l'assassinat d'un conducteur de mototaxi de confession musulmane samedi matin au quartier PK5, épicentre des violences intercommunautaires dues au conflit ayant opposé entre 2013 et 2014 les ex-rebelles de la Séléka, tombeurs de François Bozizé, et les milices chrétiennes anti-Balakas, présentées comme des partisans du président déchu.

Comme d'habitude depuis cette période, la communauté musulmane de Bangui a décidé de venger son membre tué en se lançant dans des actes de représailles à l'encontre de la population chrétienne et provoquant une détérioration du climat sécuritaire qui semblait pourtant apaisé à l'approche de la tenue des élections générales dont le premier tour de la présidentielle fixé au 18 octobre.

Pour faire baisser la tension, le gouvernement a instauré dimanche un couvre-feu, qui va de 18H (17H GMT) du soir à 6H (5H GMT) du matin.

Le dispositif sécuritaire s'est aussi renforcé avec la multiplication des patrouilles des forces de l'ordre, appuyées par la mise en place de check-points pour le contrôle des mouvements des populations dans la ville.

Ces mesures, associées au dispositif tenu par la force française Sangaris et la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MNUSCA), en place depuis septembre 2014 en remplacement de la Mission internationale de soutien à la République centrafricaine sous conduite africaine (MISCA), n'ont pas réussi à ramener l'ordre.

"Le calme est revenu, sauf que nous assistons à des scènes de pillage, des bureaux, des entrepôts humanitaires et des boutiques", déplore le Premier ministre.

L'appel des autorités à la levée des barricades érigées sur les principaux axes de Bangui est également resté sans effet. Lundi, la capitale centrafricaine continuait de rassembler à une ville morte.

Débordées, les forces de défense déployées autour de la prison de Ngaragba n'ont pas pu empêcher l'évasion de quelque 600 détenus survenue au cours de cette journée.

Mahamat Kamoun tente toutefois de rassurer en affirmant que "la situation est relativement sous contrôle. Nous avons le soutien des forces de sécurité intérieure et des forces internationales". Ces ropos sont surtout une réaction aux appels à la démission dont il fait l'objet avec l'ensemble des autorités de transition.

Car, pour le Premier ministre du gouvernement d'union nationale et de transition, il ne fait pas de doute que le déferlement de violences actuel à Bangui est l'œuvre de groupes d'individus cherchant à faire échouer le processus électoral destiné à permettre un retour à l'ordre constitutionnel en RCA.

"C'est des individus, qui voient qu'ils n'ont pas la possibilité d'accéder au pouvoir par les élections. Il y en a d'autres aussi qui font l'objet de poursuites judiciaires devant la justice internationale. C'est un groupe bien connu, bien identifié", affirme-t-il, sans donner d'indice sur l'identité des mis en cause.

Une certitude cependant: les suspects se recrutent à la fois dans le camp de l'ex-alliance rebelle de la Séléka et celui des milices anti-Balakas, apprend-on finalement.

Source...Xinhua

"Vous avez des hommes politiques qui n'attendant que cette situation pour entrer dans la danse", indique par ailleurs le chef du gouvernement, mais une fois encore sans donner de nom parmi les acteurs politiques indexés.

Les mêmes accusations sont formulées par la présidente de transition. En visite à New York aux Etats-Unis où elle prend part aux travaux de la 70e Assemblée générale des Nations Unies, Catherine Samba-Panza pointe principalement les anciens dignitaires du régime déchu de François Bozizé, qui a de son côté dénoncé depuis son exil à Kampala (Ouganda) l'échec du pouvoir actuel de Bangui.

Ce climat de tension ne rassure pas quant au respect du calendrier électoral, pour lequel, prenant pour prétexte les retards observés dans les opérations de recensement des électeurs, de nombreuses voix, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, se sont fait entendre ces derniers temps pour préconiser un réaménagement, comprenant notamment un report de la présidentielle.

Ce processus prévoyait déjà la tenue d'un référendum le 4 octobre, préalable à l'organisation même des élections. "Tout ça n'est pas normal. C'est arrivé au moment où ne s'y attendait pas. On était à la fin de la transition et le processus électoral était bien avancé", regrette le Premier ministre.

Par Raphaël MVOGO

Source...Xinhua

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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