OUAGADOUGOU --- Le comportement des nouvelles autorités du pays dans la gestion des médias publics a été dénoncé par l'association des journalistes du Burkina (AJB) et le syndicat autonome des travailleurs de l'information et de la culture (SYNATIC) à travers une déclaration rendue publique, jeudi à Ouagadougou.
La déclaration qui s'en prend au ministre en charge de la Communication, explique que le rôle de la télévision publique ne saurait se résumer dans l'accompagnement de l'action gouvernementale.
Il se trouve que le ministre en charge de la Communication, Remis Fulgance Dandjinou s'est invité sur le plateau du Journal Télévisé de 20 H du 17 juin 2016 de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina (RTB) - réagissant à un des éléments du journal, à savoir un compte rendu de la télévision nationale sur la question des reportages facturés -a fait un développement inquiétant sur la collecte, le traitement et la diffusion de l'information par les médias publics.
La TNB dans ses missions "a comme objectif d'accompagner le gouvernement", avait dit le ministre en charge de la communication, Remis Fulgance Dandjinou au cours du journal télévisé du 17 juin 2016, indique la déclaration des syndicats des journalistes.
Soulignant que ces propos du ministre ne sont ni plus, ni moins qu'une immixtion "grossière" dans la collecte, le traitement et la diffusion de l'information, la déclaration pense que cela dénature souvent le contenu des reportages.
"Cette intrusion expose, par ailleurs, les travailleurs des médias publics au vindict populaire lors de la couverture des manifestations publiques", a prévenu, dans cette même déclaration, les deux syndicats.
La déclaration dénonce également le fait que, le 5 avril 2016, le ministre a convoqué les premiers responsables de la radiotélévision publique (RTB), des Editions Sidwaya (presse écrite), le Coordonnateur du Service d'Information du Gouvernement (SIG) pour une séance de recadrage, critiquant des reportages et émissions.
Fustigeant ces pratiques de rétrogrades, le syndicat et l'association des journalistes du Burkina trouvent que ces faits témoignent du retour "des vieux démons" dans les médias publics en rappelant que ce sont ces faits qui sont à l'origine de l'insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 ayant conduit à la chute du régime de Blaise Compaoré.
"L'attaque des locaux de la Télévision nationale lors des manifestations des 30 et 31 octobre 2014 n'est rien d'autre que la conséquence directe de ces pratiques d'une autre époque visant à dénaturer le contenu des reportages au sein des médias publics", indique la déclaration.
L'AJB et le SYNATIC, dans cette déclaration, relèvent que le cahier des charges et missions de la RTB ont été adoptés par le Conseil des ministres du 28 octobre 2015 par le gouvernement de la transition et détermine les conditions d'exécution de la mission de service public de cet organe.
La déclaration prévient qu'il est dangereux de faire des médias publics "des caisses de résonnance du pouvoir" en cherchant à remettre en cause les acquis de l'insurrection populaire au niveau des médias publics ; des pratiques qui ont discrédité ces organes de presse de par le passé.
Pour ce faire, l'AJB et le SYNATIC dénoncent les tentatives d'embrigadement des médias publics par le gouvernement et exigent du ministre en charge de la communication et du gouvernement à mettre fin à leurs immixtions dans le traitement de l'information dans les médias publics.
Invitant les travailleurs à restés mobilisés, la déclaration félicite les travailleurs consciencieux qui œuvrent au quotidien pour des médias publics au service de l'intérêt général.
Elle encourage les hommes de médias à résister aux menaces, pressions, intimidations et à faire leur travail avec professionnalisme, dans le respect des règles d'éthique et de déontologie dans le traitement de l'information.
Source...Xinhua