Cinq ans après, la Coupe d’Afrique des nations se jouera donc à nouveau au Gabon en 2017. Après la co-organisation réussie de 2012 avec la Guinée Equatoriale, la Confédération africaine de football (CAF) renouvelle sa confiance aux dirigeants gabonais, qui ont accueilli la bonne nouvelle sereinement. « J’étais très confiant, a déclaré Daniel Cousin, ancien attaquant du Mans, devenu manager général de la sélection gabonaise. On a prouvé qu’en matière d’organisation, on savait faire. Il reste un stade et demi à finir, on sera prêts. On a tout pour réussir une grande Coupe d’Afrique. »
La candidature gabonaise a pris du volume ces dernières semaines, en profitant d’une certaine disgrâce de sa rivale algérienne. Fort du soutien logistique apporté par les autorités (la livraison de vingt bus pour le transport des délégations et des équipes) lors du tournoi 2015 en Guinée Equatoriale, le Gabon s’est aussi appuyé sur plusieurs atouts majeurs. Une CAN réussie en 2012, le soutien du public et des stades prêts ou en cours de rénovation.
Un responsable de la Fédération gabonaise de football a indiqué que la CAN 2017 se disputerait dans les quatre plus grandes villes du pays (Libreville, Franceville, Port-Gentil et Oyem dans le nord).
Huit mois d’arrêt
Mais en attribuant cette CAN 2017 au Gabon, la CAF parie sur l’apaisement du climat social qui perturbe le pays. De nombreuses grèves de la fonction publique et des enseignants paralysent une bonne partie du territoire. La baisse des prix du pétrole sera également à surveiller, le pays souffrant du niveau très bas de l’or noir dont il est exportateur.
La CAF mise aussi sur le redressement du paysage footballistique gabonais. Le championnat national n’a en effet repris qu’à la fin du mois de mars après huit mois d’arrêt. De nombreuses primes non versées aux clubs étaient à l’origine de cette interruption. Le football gabonais devra donc régler les multiples problèmes qui le minent avant d’accueillir le plus grand événement sportif du continent africain.
La CAF fait un choix fort en excluant l’Algérie d’une compétition destinée à l’origine à la Libye. Elle le fait au risque de fâcher les pays d’Afrique du Nord qui voyaient d’un bon œil un de leurs représentants accueillir le tournoi. « On a l’impression que la CAF ne veut pas que le Maghreb organise la CAN », déplore Asma Halimi, rédactrice en chef du journal Compétition. Le président de la fédération était très optimiste cette semaine… Les deux seules explications, c’est d’abord que la CAF fait payer à l’Algérie son refus d’organiser la CAN 2015 et, par ailleurs, le problème de la violence dans les stades. »
La mort d’Albert Ebossé
Ce problème récurrent était le point noir du dossier algérien qui a connu un nouvel épisode avec la blessure à la tête du gardien international Azzedine Doukha, atteint à la tête par un projectile mardi 7 avril. Cet incident a certainement pesé dans la balance, surtout après la mort d’Albert Ebossé, lui aussi pensionnaire de la JS Kabylie en août.
La désillusion est d’autant plus grande que de nombreux Algériens pensaient que l’organisation ne pouvait échapper à leur pays. Une seule voix discordante, celle du président du Comité olympique algérien, Mustapha Berraf, qui avait déclaré en mars : « D’après les informations en ma possession, c’est plutôt le Gabon qui aura l’opportunité d’organiser la prochaine édition de la CAN en 2017. »
La presse algérienne évoquait aussi le rafraîchissement des relations entre Issa Hayatou, président de la CAF, et Mohammed Raouraoua, celui de la fédération algérienne. Il fut un temps où les deux hommes étaient pourtant très proches.