
Que serait l'Afrique sans les blancs ? Rien ; un bloc de sable ; la nuit ; la paralysie ; des paysages lunaires. L'Afrique n'existe que parce que l'homme blanc l'a touchée. Est-ce que vous voyez le barrage ? Il est là, devant vous, ce bloc de sable et de cendre, ce morceau inerte et passif qui, depuis six mille ans, fait obstacle à la marche universelle, ce monstrueux Cham qui arrête Sem par son énormité, -l'Afrique. Quelle terre que cette Afrique ! L'Asie a son histoire, l'Amérique a son histoire, l'Australie elle-même a son histoire ; l'Afrique n'a pas d'histoire. [...] Cette Afrique farouche n'a que deux aspects : peuplée, c'est la barbarie ; déserte, c'est la sauvagerie [...] Au dix-neuvième siècle, le blanc a fait du noir un homme ; au vingtième siècle, l'Europe fera de l'Afrique un monde. [...] Allez, Peuples ! emparez-vous de cette terre. Prenez là. A qui ? A personne. Prenez cette terre à Dieu. Dieu donne la terre aux hommes, Dieu offre l'Afrique à l'Europe. Prenez-la. [...] Versez votre trop-plein dans cette Afrique, et du même coup résolvez vos questions sociales, changez vos prolétaires en propriétaires. Allez, faites ! Faites des routes, faites des ports, faites des villes; croissez, cultivez, colonisez, multipliez.
« La France est en train de composer un magnifique poème dont le titre est la colonisation de l’Afrique… Elle n’a recours à la guerre… que lorsque cela est nécessaire à la civilisation. Ce qui la rassure, c’est qu’elle se sait porteuse de lumière et de liberté ; elle sait que pour un peuple sauvage, être occupé par la France signifie le début de la liberté, pour une ville de barbares, être brulée par la France signifie commencer à être éclairée. Qu’elle fasse la guerre, qu’elle envahisse des territoires, qu’elle bombarde de fortifications, n’est pas important si elle réduit des fusils au silence avec des livres »
Par Ayong
Sources : L'impératif afrocentrique, Ama Mazama, page 88