Le mariage en pays punu

Le mariage traditionnel européen qui s’est imposée dans les mœurs africaines comme mariage civil est le seul qui dans la plupart des cas est reconnu par le législateur. Et pourtant tous les peuples africains qu’ils soient matrilinéaires ou patrilinéaires ont sacralisés cette institution. Chez Ayong nous tentons modestement de réhabiliter l’institution du mariage qui est sacré chez les peuples bantous. Le mariage étant une union qui va au-delà des seuls époux, il permettait d’atténuer les divorces et séparations. Ce qui n’est plus malheureusement le cas actuellement. Nous avons choisi de vous présenter un résumé du mariage dans un peuple matrilinéaire, et essayer de mettre en lumière la notion de dote qui aujourd’hui semble perdre de son sens premier dans un monde où le capitalisme et l’exploitation est a supplanté nos valeurs endogènes. Bonne lecture.

 

Mariage coutumier en pays Punu. 

Le jour du mariage, fixé d'un commun accord par les familles des futurs conjoints arrivé. Le jeune homme, le cœur battant la chamade, et les siens (parents paternels et maternels) débarquent au domicile de la famille de la demoiselle chargés de cadeaux de mariage, les biens composant la fameuse dot.

L'endogamie (mariage à l'intérieur d'un clan) étant interdite chez les Punu, les deux familles se sont au préalable assurées que la fille et le jeune homme n'appartiennent ni au même clan paternel, ni au même clan maternel. Il n'est toutefois pas exclu qu'on remonte plus loin dans l'arbre généalogique.

Au début de la cérémonie, les parents de la jeune fille feignent d'ignorer ceux du jeune homme. "Je vois un groupe de gens ici. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ?" interroge à la ronde le porte parole. Il s'agit en général d'un oncle maternel de la future mariée. Mais la famille peut s'attacher les services d'une personne extérieure, pour ses qualités de débatteur car la cérémonie de mariage est une véritable joute oratoire.

Le porte parole de la famille du garçon, là aussi un oncle maternel en général, répond : "J'ai vu une jolie fille passer. Elle est entrée ici, c'est elle que nous sommes venus chercher." Auparavant, il doit décliner son arbre généalogique, pour prouver qu'il n'y a aucun lien de parenté entre les futurs mariés. Les interlocuteurs se lèvent pendant la prise de la parole. L'air faussement menaçant, le doyen des hôtes réplique : "Faites attention, ici il n'y a que des femmes mariées. Vous venez nous provoquer à domicile !" Si dans le passé, il y a eu des conflits entre les deux familles ou leurs alliés, ils sont remis sur la table. Si c'est le clan du garçon qui les avait provoqués, il est obligé de payer des amendes, sous formes d'objets traditionnels. Passé cette étape, l'oncle de la fille fait mine de revenir à de meilleurs sentiments et demande : "qui est cette poule que vous cherchez et comment est elle ?" Son homologue dans l'autre famille donne le nom de la jeune fille et la décrit avec force détails, afin de convaincre qu'il sait de qui il parle. S'ensuit un test. On aligne des jeunes filles voilées, parmi lesquelles ne figurent pas parfois la future mariée et on demande à l'oncle de désigner la "poule" qu'il est venu chercher. S'il se trompe, une amende lui est réclamée et on recommence jusqu'à ce qu'il débusque la fille en question ou jusqu'à ce qu'il soit mis un terme à l'exercice pour éviter la lassitude de l'assistance. S'il réussit à faire remarquer l'absence de sa future bru, quand elle ne figure pas parmi les filles présentées, on fait partir les filles pour les faire revenir quelques temps après avec dans le groupe "l'objet" convoité. Une fois la fille repérée, l'oncle du garçon la présente à l'assistance en vantant sa beauté, ses mérites de femme digne, etc. Puis vient l'étape du versement de la dot, qui donne lui à d'interminables débats au cours desquels fusent les proverbes et en permanence interrompus par des conclaves (fundu : lire "foundou"). La cérémonie de mariage est aussi l'occasion de faire étalage de son éloquence et de sa parfaite connaissance des coutumes. Au moment du versement de la dot, le père du jeune homme confie le franc symbolique à son fils, qui va le remettre à sa dulcinée assise en face d'eux, à côté de ses parents. Si elle n'est pas consentante, elle le lui rend. Si elle accepte de l'épouser, elle ira donner le franc symbolique à son père. Dès lors, l'oncle du garçon dépose la dot devant la famille de la fille. En ce qui concerne l'argent, aucun montant n'est exigé parce que en pays punu, la notion de dot se confond avec l'union des deux familles. Par exemple, l'accueil chaleureux que l'homme réserve aux membres de sa belle famille, le soutien moral matériel ou financier qu'il apporte quand ils sont en détresse, tout cela s'inscrit dans la dot. Lors de la contraction du mariage, la dot est divisée en deux parts: une pour la mère de la mariée et l'autre pour son père.

NgouniLes biens comme le raphia, la hache, la machette, la lime et la lance (de nos jours un fusil) sont incontournables dans le lot destiné au père. Dans celui de la mère, il faut la nasse, le panier, la natte, la machette, la marmite en terre cuite et la calebasse. Après la conclusion du mariage, les deux familles font bombance. Puis, le marié et sa famille prennent congé des beaux parents sans emmener la mariée. Autrefois, le marié pouvait se livrer à un rapt, en allant enlever sa femme chez elle.

De nos jours, c'est la famille qui accompagne la conjointe chez son mari après lui avoir fait un trousseau composé des symboles d'ardeur au travail (panier, bretelles et machette) et abondance de vivres (nasses, gibier et provisions). La natte symbolise la quiétude du sommeil et le vin de palme la bravoure que doit avoir le gendre. Quand la belle famille rentre, le gendre doit encore couvrir de présents, qui sont une autre forme de dot.

PunuDans la tradition punu, c'est le père qui devait choisir une femme à son garçon, naturellement au sein d'une famille de bonne réputation, dans le même village ou dans un autre de la même contrée, lors de ses pérégrinations. L'âge du mariage d'une fille n'est pas spécifique, la moyenne étant 15 ans. Le jeune homme, lui, doit avoir fait la démonstration de sa maturité. C'est pourquoi il est en général de loin plus âgé que sa moitié. Il arrive qu'on choisisse l'enfant à naître, en espérant que ce sera une fille. A l'origine, le choix de la jeune fille reste secret entre le père et la mère du jeune homme. La mère aura pour mission de fréquenter assidument désormais celle de la jeune fille. Et au moment propice, elle avouera ses intentions. Si elle ne rencontre aucune opposition, elle informera son mari de l'accord tacite. De son côté, la mère de la jeune fille commencera à préparer psychologiquement la future épouse, sans attirer l'attention du père, qui sera le dernier à être informé. Commence les contacts entre le jeune homme et la future belle famille. Il sera appelé à prêter sa force physique à son future beau père pendant les travaux champêtres, la pêche, la chasse ou la réfection des cases. Tout contact est strictement interdit entre le garçon et la fille, car cette dernière doit garder sa virginité jusqu'au mariage. D'ailleurs, les parents s'arrangent pour que les deux enfants ne se croisent jamais. C'est plus tard que la mère de la jeune fille informe son mari des véritables raisons de la présence du garçon chez eux. "Tu vois ce jeune homme poli, travailleur qui nous rend service, il est ici pour demander la main de notre fille", expliquera-t-elle. Comme toujours, ce sont les deux familles (paternelle et maternelle) du futur marié qui réunissent la dot.

Nous avons choisi d’être fidèle à l’article original dont le lien suit, tout en remerciant l’auteur pour son travail remarquable.

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Par Ayong 

Source : http//WWW.bajag-mujabitsi.blogspot.fr

Date de dernière mise à jour : 02/07/2021

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