Cameroun : la Banque mondiale cible l'Extrême-Nord, victime de Boko Haram, pour ses priorités

Par Raphaël MVOGO

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YAOUNDE --- La région de l'Extrême-Nord, touchée par les violences de la secte islamiste nigériane Boko Haram sur le sol camerounais, sera au centre des priorités des futurs programmes d'aide au développement de la Banque mondiale, a annoncé la directrice des opérations de l'institution internationale au Cameroun.

"Dans notre programmation, on va mettre un accent sur le développement du Nord. On a fait un diagnostic systématique, qui a démontré que le Sud a connu une croissance bonne et une réduction de la pauvreté et des inégalités. Par contre dans le Nord c'est tout à fait le contraire", a déclaré Elisabeth Huybens devant la presse vendredi à Yaoundé.

Depuis 2013, le Nord-Cameroun, en particulier la région de l'Extrême-Nord séparée par une longue frontière terrestre de plus de 400 kilomètres du Nigeria et aussi voisin du Tchad, est la cible des attaques de Boko Haram au Cameroun, ayant poussé au déploiement d'un important dispositif des forces de défense et de sécurité nationales pour l'enrayer.

L'une des plus pauvres régions du pays en proie aux endémies comme le choléra et habitée par une population peu scolarisée, cette région souffre aussi alernativement de la sécheresse et des inondations, et aussi des aléas climatiques qui provoquent parfois des catastrophes aux conséquences désastreuses en pertes humaines et au plan économique.

Pour Mme Huybens, à l'inverse du Sud-Cameroun, cette partie du territoire camerounais a enregistré "un accroissement de la pauvreté et des inégalités", source de préoccupation pour le gouvernement et des partenaires face à la menace terroriste de Boko Haram.

De l'élevage à la construction de routes en passant par l'agriculture et l'énergie, les futurs programmes inscrits dans l'agenda du nouvel exercice budgétaire qui s'ouvre comme à l'accoutumée le 1er juillet de la Banque mondiale, visent dans l'ensemble à soutenir "la croissance et la réduction de la pauvreté", précise la directrice des opérations.

Dans le domaine de l'agriculture, il sera question de promouvoir la mise en place de chaînes de valeur pour l'amélioration de la production et de la productivité. Le secteur de l'énergie, lui, sera surtout appuyé dans son volet relatif au transport de l'électricité.

La réduction du risque des inondations est aussi prise en compte dans la lutte contre le changement climatique.

Les projets en vue, qui ne sont pas encore clairement définis, auront pour certains une dimension régionale en rapport avec la région du lac Tchad, que le Cameroun constitue en plus de son grand voisin le Nigeria, première économie africaine, le Tchad puis le Niger, autres pays touchés par Boko Haram.

"On pense à toute la région du lac Tchad", assure en effet Elisabeth Huybens, détaillant pour le Cameroun des programmes de "petits périmètres d'irrigation, des points d'eau pour les éleveurs, d'éducation de base, surtout pour les filles".

Un des projets phares du gouvernement pour l'accroissement de l'offre énergétique, le barrage hydroélectrique de Lam Pangar (Est), financé par la Banque mondiale, la Banque africaine de développement (BAD), la Banque de développement des Etats de l'Afrique centrale (BDEAC) et l'Agence française de développement (AFD), est cité parmi les succès célébrés.

Après sa mise en eau partielle il y a quelques mois, cet ouvrage qui permettra d'injecter dans le réseau électrique camerounais 30 mégawatts supplémentaires est en voie d'achèvement.

Dans ce secteur, la Banque mondiale annonce aussi le financement prochain d'un nouveau programme, "costaud".

Le Programme d'amélioration de la compétitivité agricole (PACA) sera lui aussi clôturé "la semaine prochaine", après avoir atteint les résultats escomptés.

"On a bien travaillé avec le gouvernement cette année. Quand il y a eu des blocages, on a pu trouver des solutions ensemble", insiste Mme Huybens.

Pour 2017, en plus des nombreux autres projets en cours d'exécution, deux nouveaux programmes viendront enrichir le planning : le financement de la troisième phase du Programme national de développement participatif (PNDP) et l'extension à l'ensemble du pays du projet "financement contre résultats" dans le domaine de la santé.

Source...Xinhua

Date de dernière mise à jour : 27/06/2016

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